Dans le monde moderne du yoga, beaucoup de gens associent principalement le yoga aux asanas (postures). C’est peut-être pourquoi les personnes confrontées à des défis divers, qu’ils soient d’ordre physique, émotionnel ou liés à la santé, se sentent souvent exclues de cette pratique ancestrale. Les images stéréotypées qu’on trouve sur tout dans le réseaux sociaux, contribue également à cette exclusion.
Ce sujet suscite des inquiétudes parmi de nombreux éducateurs de yoga à travers le monde. Malgré nos efforts pour clarifier la véritable essence du yoga et la rendre accessible a tous, la pratique posturale prend le dessus car elle est devenue une entreprise lucrative à l’échelle mondiale.
Des exemples: de nombreux studios de yoga et même des enseignants mettent de côté d’autres aspects du yoga pour se concentrer uniquement sur sa commercialisation en tant que pratique physique. Cette commercialisation s’étend à différents domaines, tels que la vente de vêtements de yoga à la mode, d’accessoires spécialisés et même de gadgets technologiques prétendant améliorer la pratique.
Je ne suis pas exclu de cette façon d’enseigner, je veux dire, enseigner uniquement les asanas, et même si j’essaie de rendre la pratique accessible, de transmettre ou de partager davantage la philosophie du yoga et d’autres pratiques subtiles… ce n’est pas si simple ! Mais j’essai comme même !
Ainsi, cette fois, je voudrais ne pas vous remplir la tête de concepts que vous connaissez peut-être déjà à ce stade ; au lieu de cela, je voudrais vous raconter une petite histoire. L’histoire d’Ashtavakra.
Ashtavakra était un sage vénéré dans la philosophie et la spiritualité hindoues, particulièrement associé à l’Advaita Vedanta et au Yoga. Le nom « Ashtavakra » signifie littéralement « huit difformités ». Ces déformations comprenaient des difformités au niveau des hanches, des coudes, des genoux, etc.
L’histoire d’Ashtavakra
Kahoda, le père de Ashtavakra était un érudit réputé et respecté pour sa connaissance des textes sacrés et des enseignements spirituels.
Pendant sa grossesse, la femme de Kahoda écoutait attentivement les enseignements de son mari, espérant transmettre la sagesse à leur futur enfant. Un jour lors que Kahoda enseignait, elle releva une erreur dans ses mots et Kahoda, pris de colère par cette correction publique, réagit impulsivement et prononça une malédiction sur l’enfant à naître, déclarant qu’il naîtrait avec huit déformités physiques.
Le temps passa, et le couple accueillit leur enfant dans le monde. À leur grande consternation, le bébé naquit avec huit déformités, comme Kahoda l’avait prédit. Malgré ces imperfections physiques, l’enfant était doté d’une sagesse étonnante dès son plus jeune âge. Il fut nommé Ashtavakra, signifiant « celui qui a huit déformations ».
Ces déformités servent de symbole des défis et des imperfections auxquels Ashtavakra a été confronté dès sa naissance, et la possibilité de transcender les obstacles et de trouver la lumière et la sagesse intérieur.
C’est ainsi qu’Ashtavakra est devenu une légende, montrant au monde que la véritable grandeur réside dans la sagesse de l’âme, bien au-delà des apparences physiques.
Mais… quelle relation avec le Yoga ?
Alors, le yoga englobe divers chemins, y compris les pratiques physiques (Hatha Yoga), les disciplines éthiques (Karma Yoga) et la dévotion (Bhakti Yoga), les enseignements d’Ashtavakra sont précieux car il se concentrent principalement sur les fondements philosophiques et du Karma Yoga plutôt que sur ses aspects physiques. Ashtavakra met l’accent sur l’importance de la réalisation de soi, sur le dépassement des limitations de l’esprit et du corps.
Dans cette optique, même si Ashtavakra n’a peut-être pas pratiqué d’asanas traditionnels en raison de son handicap, ses enseignements sont tout à fait liés au Yoga et nous montre que nous pouvons TOUS pratiquer le yoga, sur le tapis ou en dehors du tapis.
Belle histoire de la la rencontre de Ashtavakra et du roi Janaka
Le roi Janaka, réputé pour sa sagesse et son dévouement aux quêtes spirituelles, organisa un grand rassemblement de sages pour discuter de la nature de la réalité. Parmi les invités se trouvait Ashtavakra, un jeune sage réputé pour ses profondes intuitions sur l’essence de l’existence.
Lors du rassemblement, Ashtavakra entra dans la cour en boitant légèrement en raison de ses déformations physiques. Malgré son apparence, son aura dégageait une tranquillité et une sagesse remarquables. Intrigué par la présence d’Ashtavakra, le roi Janaka l’accueillit chaleureusement et l’invita à partager sa sagesse.
Avec humilité et grâce, Ashtavakra s’adressa à l’assemblée et parla de l’impermanence du corps physique et de la nature éternelle de l’âme. Il souligna que la véritable libération vient de la transcendance des limitations du corps et de l’esprit pour réaliser notre essence divine.
Profondément touché par les paroles d’Ashtavakra, le roi Janaka lui posa une question profonde : « Comment atteindre la libération tout en vivant dans le monde, engagé dans les devoirs et les responsabilités quotidiennes ? »
En réponse, Ashtavakra partagea l’essence du Karma Yoga – le chemin de l’action désintéressée. Il expliqua que la véritable libération ne se trouve pas dans le renoncement au monde, mais dans l’accomplissement de nos devoirs avec une dévotion inébranlable, sans attachement aux fruits de nos actions.
Ashtavakra Gita
Cette histoire reflète la sagesse d’Ashtavakra. Elle nous rappelle que le yoga va bien au-delà des asanas. Il embrasse une vision globale de la vie, et nous aide à trouver notre véritable moi et la paix intérieure, même au cœur des défis quotidiens.
Donc, la réponse à la question de savoir si l’on peut faire du yoga sans faire d’asanas est OUI !
Simplement par la pratique de la tolérance, la sincérité, la compassion, le contentement comme Ashtavakra le décrive dans le livre Ashtavakra Samita, nous faisons du Yoga. Et du point de vue plus large, nous faisons du Yoga tout le temps : en aidant quelqu’un, en lisant quelque chose d’inspirant, en prenant soin de nous par une bonne hygiène de vie (une alimentation saine, un bon sommeil). En priant, en chantant, en dansant avec intention, en regardant et en s’émerveillant du ciel, des étoiles, d’un arbre… bref ! Nous faisons du yoga sans faire la moindre posture physique.
Donc, la prochaine fois que quelqu’un te dit que tu ne peux pas pratiquer le yoga car tu n’as pas la condition physique ou émotionnelle pour le faire, ne le juge pas, simplement cette personne ne connaît que ce que la « nouvelle generation » veut nous montrer.
Si tu est interesé.e de lire cet merveilleuse ouvre (Ashtavakra Samita), tu peux le lire ou le télécharger ici :
Namaste
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